Maddy ► Nobody said it was easy

BEFORE

« Papa!! » La jeune adolescente se jeta dans les bras de son père qui franchissait à peine la porte d'entré. Il l’attrapa au vol, la serrant doucement contre lui tout en relâchant son énorme sac bagage contre le sol. « T'es rentré! » La blondinette resserra ses bras autour autour de lui comme pour s'assurer qu'il n'allait pas se volatiliser. « Tu m'as manqué aussi... » D'un geste lent, il referma la porte avant de repousser doucement sa fille sur le point de l'étrangler de bonheur. « Regarde toi...faut vraiment arrêter de grandir tu sais...ça me rajeunis pas tellement » Elle étira un grand sourire bien fier, des étoiles plein les yeux. Vêtu de son habit de soldat, son père n'avait pas beaucoup changé depuis sa dernière visite. Il semblait bien se porter, quoi que doué pour lui cacher ce qui n'allait pas. Quoi qu'il en soit, il était réellement heureux de la revoir. « Maman est au lit déjà, elle ne se sentait pas très bien... » Constamment malade, sa mère prenait de nombreux médicaments tous les jours pour aider son système immunitaire faible à tenir le coup. Depuis toujours, elle était fragile ainsi. « Ne va pas la réveiller surtout, elle doit se reposer... » Madeen hocha la tête, avant de l'observer ranger quelques trucs ici et là, à commencé par son manteau. « Je veille sur elle comme tu me l'as dit » Jackson Hadley lui lança un doux regard paternel avant de déposer un baiser contre son front. « Je ne doutais pas de toi, en mon absence, c'est toi qui doit garder la maison » Un rôle qu'elle avait d'ailleurs toujours pris à cœur. Curieuse, elle s'approcha de son sac sous la forme d'une grande poche, afin de fouiller un peu à l'intérieur. Qu'est-ce qu'il rapportait exactement? « Maddy, je t'ai déjà dis de pas mettre la main sur mes trucs... » L'air coupable, elle éloigna donc ses cinq doigts malins d'un fusil AK47, la moue boudeuse au visage. « Quand est-ce que je pourrais aussi apprendre à l'utiliser? » Son père leva les yeux au ciel, avant de s'emparer de l'arme, vérifiant qu'elle était bien déchargée. « Quand tu seras un peu plus vieille que ça encore, c'est loin d'être un jouet » Attentive à ses paroles, elle s'appuya contre la table en haussant les épaules. « Mais je veux faire comme toi plus tard... » Mots  qui ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd, puisque le regard bleuté de son père se fixa sur elle en quelques secondes. « Hors de question, ce n'est pas une vie pour toi Madeen...je te monterais à te défendre toute seule, mais je ne veux pas te voir sur un champs de bataille » Gentiment, il posa ses mains contre ses épaules, l'observant un peu avant de poursuivre. « Toi tu es douée pour aider les autres, t'as un grand cœur et je suis persuadé que tu sauras l'utiliser pour faire le bien autour de toi » La blondinette étira un léger sourire, incapable de contredire celui qui comptait le plus à ses yeux. « ...je voudrais juste être aussi forte et courageuse que toi... » D'un geste protecteur, le soldat l'attira contre elle, constamment surpris par la maturité de sa fille unique. Elle était loin d'être naïve et stupide. Inutile de la traiter en enfant plus longtemps. Il soupira doucement, glissant une main dans ses cheveux. « Personne n'est aussi courageuse que toi... » Touchée par le compliment, elle étira un grand sourire victorieux. Ce n'était jamais facile de le voir partir en mission pour de longues périodes, mais cela faisait en sorte qu'elle appréciait d'autant plus sa présence et ses conseils. « Tu restes combien de temps cette fois-ci? » Il releva la tête, songeur. « Trois ou quatre mois je crois... » Parfait! Ce qui lui laissait le temps de le harceler encore pour qu'il accepte de lui montrer ce dont il était capable. Comme s'il pouvait lire ses pensées, il éclata de rire avant de la pousser doucement vers les escaliers. « Va dormir maintenant, on en discutera plus tard » Et oui, paraît qu'elle pouvait être plutôt têtue. Sauf qu'elle ne voulait vraiment pas désobéir à son père, ce pourquoi elle grimpa l'escalier sans rouspéter d'avantage.

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L'hôpital n'avait jamais été son endroit préféré, mais elle avait l'habitude de s'y rendre étant donné que sa mère y travaillait en tant qu'infirmière. Elle lui avait d'ailleurs laissé un message en lui demandant de venir la voir directement après les cours, ce qu'elle fit sans se poser de questions. Une fois sur place, elle partie à sa recherche, déambulant habillement dans les couloirs, jusqu'à entendre une voix masculine l'interpeller au passage. « Madeen, je ne sais pas si tu te souviens de moi, le docteur Travis, je suis un collègue de ta mère... » Il lui présenta un sourire poli, avant de lui serrer gentiment la main. Elle l'observa quelques instants, avant de se souvenir un peu de lui oui. Elle l'avait déjà croisé par moment. « J'ai entendu dire entre les lignes que tu aimerais peut-être faire des études dans ce domaine là toi aussi? C'est très bien et si jamais tu as besoin de conseils, tu sais où nous trouver » Elle hocha sa tête blonde, avant de rapidement se désintéresser de lui pour observer les infirmières qui circulaient dans l'aile médical. Toujours pas de trace de sa mère. « Kate est avec madame Abbott, la psychologue. En attendant, je t'invite à me suivre jusqu'à mon bureau, j'aimerais bien qu'on parle de deux ou trois trucs au sujet de ta mère. » Maddy tourna la tête vers lui, incertaine de vraiment comprendre où ce docteur voulait en venir. « ...d'accord » Curieuse, mais un peu inquiète à la fois, elle lui emboîta le pas jusqu'à son petit bureau privé où elle prit sagement place sur la chaise en face. « Ton père n'est pas présent, c'est bien ça? » Elle haussa les épaules avant de répondre. « Non, il vient de repartir en mission... » Il était peu souvent à la maison, mais elle ne voyait pas en quoi cela l'intéressait. Est-ce qu'il aurait du être là? Que se passait-il au juste? « Pourquoi? Quel est le problème? » S'il ne lui crachait pas directement le morceau, elle se chargerait bien de le découvrir elle même en le questionnant. Le docteur prit une grande inspiration avant de poursuivre. « On a fait passer une série de teste à ta mère, pour vérifier principalement son état de santé qui tu le sais, est souvent fragile. Sauf qu'on a découvert autre chose aujourd'hui avec les résultats et je souhaitais t'en parler... » Méfiante tout à coup, l'adolescente croisa nerveusement les bras avant de fixer son regard bleuté dans celui du docteur. Ils avaient découverts quoi au juste? « Kate est...victime de la maladie de l’Alzheimer, qui est une maladie neurodégénérative incurable qui entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mental, notamment la mémoire. » Heu...pardon!? Il venait de lui dire quoi au juste? Que sa mère à elle avait une maladie incurable? C'est pas possible! Elle était déjà bien assez malade comme ça, pourquoi elle!? Un peu sous le choc, Madeen ravala sa salive avant de se lever doucement. Oui elle avait déjà entendu parler de l'Alzheimer, mais savoir que sa propre mère en était victime c'était tout à fait différent. « Je veux la voir... » Elle fit un effort ultime pour éviter de céder aux larmes, sachant très bien que ce ne serait pas ça qui aiderait sa mère. Elle devait être forte, comme toujours et continuer de veiller sur elle comme son père lui avait fait promettre. Maladie ou non, ça ne changeait rien. Le cœur en miette, elle quitta rapidement le bureau, une fois que le docteur Travis lui ait indiqué où trouver sa mère. Maddy ne la laisserait pas tomber, quoi qu'il advienne. Fuck l'Alzheimer, personne ne lui prendrait sa famille.

*****

« Papa, pourquoi est-ce qu'on va aussi loin que ça en forêt, hum? » Jackson repoussa une branche de conifère, avant de tourner légèrement la tête derrière lui pour lancer un petit sourire mystérieux à sa fille qui le suivait. « Et comment tu as expliqué ça à maman? » Cette fois-ci, il éclata de rire, incapable de garder le silence plus longtemps. « Qu'on allait en randonné, rien de plus » Elle leva les yeux au ciel, avant d'enjamber un tronc d'arbre mort. Tu parles d'une randonné oui, avec une tonne d'arme dans un sac à dos et d'autres trucs du genre qui n'avait rien à voir avec la vie en nature. À la base, elle croyait simplement passer la journée avec lui et s'entraîner un peu, sans plus. Depuis son retour, il y a de cela quelques semaines, il avait enfin accepté de passer aux choses sérieuses et de la laisser manier une arme. Elle s'était d'abord exercée à la démonter, la remonter ensuite, savoir le fonctionnement de chaque petits trucs et enfin, de savoir viser une cible au mur. Ça semblait bien facile dit comme ça, mais elle y avait mis beaucoup d'efforts pour y parvenir. Elle rêvait d'en être capable depuis toujours et maintenant, elle était fière de ses progrès. Bien entendu, il s'agissait de leur petit secret à tous les deux, question que personne en dehors ne soit impliqué. Jackson tenait tout de même à ne pas laisser sa fille unique sans défense si jamais il lui arrivait quoi que ce soit en mission et depuis la nouvelle au sujet de la maladie de sa femme, il préférait ne pas être trop inquiet pour eux. Certes, il tenait encore à ce que Maddy ne suive pas ses traces dans la vie, mais il ne voulait pas la laisser totalement ignorante non plus. Elle n'était pas stupide et en plus, on voyait un peu trop bien de qui elle retenait en vieillissant. C'était sa fille, pas celle du voisin. « Juste ici ce sera parfait » Enfin! La blondinette s'arrêta, observant le boisée autour qui s'était soudainement éclairci. Toujours dans l'ignorance de ce qu'il préparait, elle le laissa vider son sac à dos. « Choisi une arme... » Elle s'approcha doucement des trois choix qui s'offrait à elle, avant d'en choisir une. De son coté, Jackson s'équipa de son gilet par-balles de l'armée, lui lançant ensuite une petite boîtes de minutions. Curieuse, Madeen fronça les sourcils en ne reconnaissant pas vraiment ce type de balles. « Qu'est-ce que c'est? » Son père étira un petit sourire, avant de lui expliquer. « Ça vient de la base militaire, c'est pour s’entraîner. Elles sont moins dangereuses que les vrais » Ah bon. N'ayant pas vraiment d'autres questions pour le moment, elle s’appliqua à charger son arme avec. Est-ce qu'elle devait viser des arbres?  « Bon alors, voici le plan, je vais me mettre à l'autre bout là-bas et tu tires ensuite » Stupéfaite, elle leva un regard surpris sur son père. Quoi!? « Tu veux...que je te tire dessus? Sur toi? » Il hocha la tête, avant de s'éloigner pour prendre position plus loin. « Mais papa! » Oh une minute! Comment pouvait-il une seconde penser qu'elle serait capable de faire une chose pareille? Jackson s'arrêta qu'une fois en place, avant de se retourner vers elle, l'air confiant. « Tu pourras pas me blesser Maddy, t'inquiète. » Un peu inquiète tout de même, elle baissa les yeux sur son arme. C'était totalement différent tout à coup. Il ne s'agissait pas d'une cible contre un mur, mais bien d'une cible parfaitement humaine et son père qui plus est! Bien sûr, elle le croyait sur parole s'il disait que ce n'était pas dangereux, il ne devait pas être si fou que ça. « Aller, tu peux le faire, vise bien le centre de mon gilet et tire. Surtout, tu ne dois pas hésiter plus de deux secondes, sinon tu rateras ta cible » Et merde, il était vraiment sérieux! Elle souffla avant de se mettre enfin en position de tire. Elle sentit l'adrénaline monter doucement en elle, ainsi que le désire de ne pas le décevoir. Ce teste était réellement délicat, mais il servait très clairement à prouver ce dont elle était capable désormais. La gorge sèche, elle visa bien, glissant un doigt contre la détente. Elle pouvait réussir, elle le savait. La blondinette appuya donc et tira, presque surprise de son propre geste, comme si son cerveau n'avait rien commandé. Elle s'élança ensuite bien rapidement vers son père qui avait fait un atterrissage sur le dos. « Papa! » Il releva une main, un sourire fendu contre son visage « Je vais bien! » Les mains tremblantes et l'estomac légèrement retourné, Madeen l'aida à se remettre debout, encore un peu sous le choc. Son père l'attira contre lui pour la serrer dans ses bras, avant de lui relever doucement le menton. « Hey, c'est okay d'avoir peur tu sais...cette étape est sans doute la plus difficile à franchir, mais maintenant tu sais ce que c'est et ça ne s'apprend pas vraiment autrement. » Il déposa un baiser contre son front avant de la relâcher. « Protège bien ta mère et surtout, tu dois utiliser ça que pour te défendre et en dernier recours uniquement » Elle hocha la tête, l'air plus sérieuse. « Je sais, c'est pas un jouet » Elle comprenait réellement tout ce qu'impliquait ce type de connaissance. Elle avait de la chance d'avoir un père comme lui, même s'il risquait constamment sa vie lors de ses missions. Inutile de lui dire qu'elle lui ferait honneur. « Alors, on recommence ou pas? » Elle étira un sourire amusé, avant de pousser gentiment le bras de son père. Un vrai gamin celui-là, c'est pas possible! Elle retourna donc en poste, prête à poursuivre.

*****

Nerveusement, elle descendit les escaliers, sachant que sa mère attendait impatiemment en bas. Ce genre de soirée n'était pas du tout son genre, mais contre tout attente, quelqu'un de cher lui avait courageusement demandé de l’accompagner. D'un pas prudent, elle fit attention de ne pas s'enfarger dans sa magnifique robe rouge longue et scintillante. « Madeen...mais regarde toi, tu es...tu es vraiment très belle ma chérie... » Émue, sa mère la serra dans ses bras. La blondinette se laissa faire avant de finalement la repousser gentiment. « Maman, c'est qu'un stupide bal de fin d'année... » Sa mère ignora son commentaire avant d’attraper son appareil photo pour immortaliser le moment. « Tu es parfaite! Je ne dois jamais oublier ça... » Le commentaire piqua soudainement Maddy qui souffla avant d'afficher une moue boudeuse. Encore une référence à sa maladie. « Dit pas ce genre de choses...tu vas rien oublier du tout » Sujet sensible et le mauvais jour. Kate s'excusa doucement, parfaitement capable de comprendre sa fille. D'un geste affectueux, elle replaça une mèche de ses cheveux avant de glisser une main contre sa joue, plongeant son regard fier dans les yeux clair de son unique fille. « Et est-ce que tu vas enfin me dire qui t’accompagne à la soirée? » Elle n'était pas dupe. En tant que mère, elle savait bien flairer ce genre de petit secret. Madeen fit genre de ne pas savoir ce dont elle parlait, un peu trop gênée de lui avouer la vérité. Au même moment, quelqu'un frappa à la porte, la libérant ainsi de cette conversation embarrassante. « Okay, je dois partir maman.... » Pas le temps de finir sa phrase que celle-ci ouvrait rapidement la porte sous son nez. Mais heu! Ça se fait pas! « Bonsoir... » L'air plus au moins assuré, son cavalier fixa quelques instants la mère de sa cavalière, avant de tourner la tête en direction de la blonde. Il prit un air encore plus sous le choc, soudainement muet. Okay. Vraiment gênant. Merde. « Entre, ne reste pas dehors, tu dois être... » La personne dont elle ne connaissait même pas le prénom non. « Finlay, enchanté madame Hadley... » Maddy lui lança un petit sourire désolé, avant de reprendre la parole, question de ne pas laisser tout ça dégénérer trop longtemps. « Finn et moi on doit partir pour ne pas arriver en retard » Sa mère hocha doucement la tête, un sourire amusé aux coins des lèvres. Intérieurement, elle était très heureuse de voir que quelqu'un s'intéressait ainsi à sa fille. Il semblait poli et bien élevé en plus de ça. « Ravis d'avoir pu faire ta connaissance jeune homme, tu es le bienvenue si jamais tu souhaites repasser » Madeen leva les yeux au ciel, avant d’entraîner son cavalier à l'extérieur, non sans avoir crié un bye à plus tard à sa mère. Libérée d'un poids sur ses épaules, elle soupira avant de reporter son attention vers Finn. Il était particulièrement mignon avec son habit propre et son nœud papillon au cou. Ça lui plaisait bien. « Je...je voulais te dire, tu es....tu es vraiment belle ce soir » Et encore plus mignon avec ce rouge qui lui montait aux joues. « Non pas que tu ne l'es pas en temps normal, je veux dire... » « Merci, c'est gentil » Amusée, elle glissa un bras sous le sien, prête à partir. Qui aurait cru ça hum? Finlay qui lui demande d'aller au bal avec lui! Elle ne pensait pas du tout qu'un beau gars comme lui pouvait s'intéresser à une fille comme elle. Oui elle le connaissait de loin, mais il semblait tellement bien s'entendre avec tout le monde qu'elle n'avait jamais osée l'aborder directement. Qui sait. Cette soirée était peut-être le début d'une nouvelle histoire.

*****

« C'était bien ta soirée de hier? » Madeen leva les yeux vers sa mère, tout en terminant d'avaler sa bouché de pâtes. « C'était super oui, je crois que Finn a bien aimé aussi, même s'il avait l'air un peu tendu, je ne sais pas pourquoi » Sa mère hocha doucement la tête, avant d'étirer un petit sourire en coin. « Il était peut-être un peu intimidé alors » Déposant sa fourchette sur la table, la blondinette haussa les épaules, cherchant à comprendre ce que sa mère voulait insinuer. « Quoi? Par Jay ou Trixie? Mais non... » Ses amis n'étaient pas intimidant, loin de là. Elle les connaissait bien et puis de toute façon, ce souper ne s'était pas mal déroulé. Ça ne voulait rien dire. Non? Peu importe, elle avait passé une belle soirée et Trixie aussi d'ailleurs. Pour ce qui est des garçons, ah bha, ce sont des garçons quoi. Rien d’inquiétant. Ils étaient ce qu'ils étaient. Juste des mecs. « Tu songeras à les inviter ici aussi si tu le souhaites... » Hum. Hésitante, elle tourna la tête en direction de la télévision qui diffusait des images troublantes au sujet d'un potentiel retour à la guerre. Ça ne semblait pas être le moment propice aux petits soupers entre amis. « Tu crois vraiment qu'ils disent n'importe quoi? » Sa mère jeta un coup d'oeil en direction de l'écran, l'air tout aussi songeuse. « Ton père nous le dira, il devrait rentrer bientôt, on l'a convoqué ce matin... » Surprise par la nouvelle, elle se retourna vivement vers sa mère, l'air scandalisé. « Quoi? Mais tu m'as rien dit du tout! » Un peu piqué, elle pinça les lèvres de mécontentement. Perdu, Kate l'observa quelques secondes sans comprendre. « Ah bon...je croyais vraiment te l'avoir dit ce matin...excuse moi, j'ai oublié » Exactement l'excuse qui l'empêchait de se fâcher contre sa pauvre mère oui. La blondinette soupira. Bon okay, c'était pas sa faute alors. « Il est rentré blessé la dernière fois, ce serait vraiment con qu'on le force à repartir oui... » Elle grogna avant de se lever de table. Plus faim non. Un peu stressée, elle s'installa dans le salon, dans le but de guetter le retour de son père. Bizarrement, elle ne croyait pas du tout qu'on puisse lui demander quoi que ce soit suite à sa dernière mission où il avait pratiquement frôlé la mort. Ça la choquait vraiment. Suffit d'en choisir un autre et puis voilà. C'était injuste. Elle croisa rapidement les doigts en espérant fort qu'on lui permettre de rester ici encore un peu. Tout le monde savait que les média aimaient exagérer les choses. Cette guerre, ce ne devait pas être si pire que ça...

Le claquement de la porte la réveilla en sursaut. Quel heure était-il? Pourquoi dormait-elle sur le canapé? Maddy se força à se secouer un peu pour reprendre ses esprits, tombant nez à nez sur la silhouette de son père qui venait de rentrer l'air grave. Elle se redressa doucement, incapable de dire s'il avait une bonne ou une mauvaise nouvelle à annoncé. Il n'y avait pas meilleur que lui pour cacher ce qui le tracassait, impossible de simplement lire son visage. Sa mère descendit les escaliers, s'approchant d'eux doucement. Un drôle de silence planait tout à coup comme si personne n'osait dire quoi que ce soit par crainte de briser l'ambiance familiale. Son père se racla la gorge, prêt à se jeter le premier apparemment. « C'est plus critique qu'on le croyait. Beaucoup d'informations n'ont pas encore été transmis officiellement au peuple, mais le pays est désormais au bord d'un gouffre si on agit pas maintenant. » Il prit une pause, jetant à la fois un regard sur sa femme et sa fille. « Je dois partir » Madeen sentit soudainement son univers trembler dangereusement, menaçant même de s'écrouler. Partir? NON. Pas question, il ne pouvait pas partir! Troublée, elle ravala ses émotions difficilement, avant de serrer les poings. Pas lui! Pas son père, pas cette fois-ci, pitié! Kate le serra doucement dans ses bras avant de l'embrasser tendrement. Ils n'avaient pas le choix. Personne n'avait le choix. « Ça va, je comprend... » Elle le rassura d'un petit sourire, sous le regard toujours interdit de la blondinette qui bouillait intérieurement avec la folle envie de juste hurler et de tout casser autour d'elle. Son père s'éloigna doucement avant de descendre à la cave pour prendre ses affaires comme il le devait. Le souffle court, Maddy leva des yeux vitreux vers sa mère. « Tout ira bien ma chérie... » Faux! Mensonges! Plus rien n'allait bien! Le pays en entier était sur le point de crever! Comment pouvait-elle dire encore ce genre de paroles supposés réconforter l'un de ses patients malades? Elle n'était pas malade et il n'y avait pas aucune guérison possible. Elle ne voulait pas le laisser partir. Tout son être lui criait qu'elle ne le reverrait plus jamais. C'était la fin, son instinct la mettait en garde. Brisée, elle attendit sagement que Jackson remonte de la cave avec son sac et son équipement. Lorsqu'il le fit, Madeen se sentit flancher brutalement. Elle se jeta contre lui sans prévenir, l'agrippant avec force et désespoir. « Ne part pas papa, tu ne peux pas partir, il faut que tu restes! » Cédant même aux larmes, à sa plus grande honte car elle n'avait jamais pleuré lors de ses départs en mission, la blondinette enfonça son nez contre la veste de son père. Patient, Jackson attendit quelques secondes qu'elle se calme un peu, avant de la repousser gentiment. Il lui agrippa le visage entre ses deux mains, plongeant son regard clair dans le sien. « Tu dois veiller sur tes proches Maddy, ils font partie de ta famille. Ta mère, Finlay et tes amis, ils auront forcément besoin d'une fille forte et courageuse comme toi. Je sais que tu y arriveras, je te fais confiance. » Il lui embrassa le front avant de poursuivre. « Je voudrais tellement pouvoir rester et te protéger comme un père ce doit de le faire, mais maintenant c'est à toi de jouer. Souviens toi d'où tu viens et qui tu es. Je t'aime plus que tout... » Jamais son père ne lui avait dit ce genre de choses auparavant. Elle pouvait réellement voir dans ses yeux qu'il était sincère au point d'en pleurer lui aussi. « Je t'aime aussi... » C'était des adieux. Quoi d'autre. Ils le savaient bien. Il ne renterait pas à la maison. Plus jamais. Leur chemin se séparait donc ainsi, à l'aube de ce qui s'annonçait être l'ère des ténèbres...

AFTER

Depuis le départ de son père, un mois plus tôt, Madeen n'avait toujours pas reçu de ses nouvelles. C'était le silence plat, ce qui la préparait mentalement au pire. Elle s'était déjà fait à l'idée qu'elle ne le reverrait plus. Ce début de guerre mettait une pause à ses études pour devenir infirmière. L'école ne voulait plus fournir de professeur, trop dangereux qu'ils disaient. Elle possédait encore tous ses livres et manuels pour avancer par elle-même, mais la motivation n'était pas tellement au rendez-vous. Il planait une aura d'inquiétude et de panique général sur la ville. Allaient-ils perdre la guerre? Quoi qu'il en soit, ils étaient sur le point de le savoir dans peu de temps. L’Allemagne et la France avaient déjà jetés les armes. L'Écosse était également sous le contrôle des Américains. Au font, il ne restait plus qu'eux à se battre. L'atmosphère pesante rendait cette attente interminable. Peut-être étaient-ils sur le point de vivre leur derniers moment de liberté. Sa mère avait arrêté le boulot, désormais trop malade pour exercer son métier. Le stress et l'angoisse avait aggravé quelque peu sa situation. Elles se retrouvaient donc toutes les deux à la maison, évitant soigneusement d'aborder des sujets déprimants. Ce qui n'était pas une simple affaire. « Maddy, va voir si on a reçu le courrier s'il te plaît, j’attends le journal... » Et non pas pour y lire les nouvelles, mais plutôt remplir la section jeux à la fin. La blondinette ferma la télévision avant de se relever pour s'avancer jusqu'à la porte. Elle l'ouvrit doucement, avant de glisser une main dans la petite boite sur le coté. Ah tiens. Du courrier oui. Récupérant le journal au passage, elle referma derrière elle. Une grande enveloppe attira immédiatement son attention. Sur le dessus, il y avait le seau de l'armé anglaise qu'elle reconnu. Nerveusement, elle déchira l'enveloppe pour voir s'il s'agissait des nouvelles de son père. Son regard parcouru les deux premières lignes seulement, avant de sentir son cœur se briser en mille morceaux. Non, non, pas ça! Pas ÇA! Terrifiée, elle repoussa rapidement la lettre dans un mouvement de panique. « Nous avons malheureusement le regret de vous annoncer le décès de monsieur Jackson Hadley suite aux bombardements survenu à Londres... » Le reste lui importait plus. On avait explosé son père? « Alors ce journal? » Le souffle court, elle s'empara de ses clés avant de foncer vers la porte. « Maman je sors! » Pas le temps de lui annoncer quoi que ce soit, elle en avait sûrement pas la force anyway. Poussée par l'envie urgente de fuir, la blondinette se mit à courir sur la rue. Ça y est. C'était donc officiel. Pourtant, elle croyait s'y être déjà préparée depuis le temps. Pourquoi est-ce que ça faisait aussi mal? Ne sachant pas vraiment vers où elle allait, Madeen rebondit sur la rue suivante, deux bloc plus loin. Elle aperçu au loin la maison de son amie Trixie. Hésitante, elle finit par s'en approcher. Essoufflée par sa course folle, elle cogna doucement à la porte. Son amie serait peut-être présente pour répondre à l'appel qui sait. Hors de question d'aller chez Finn. Il risquerait de la voir dans cet état et elle préférait ne pas lui montrer ce genre de chose. Elle qui était si forte et courageuse en tant normal, si pleine de vie. Elle était bien à deux doigts de craquer complètement. Après une courte attente, la porte s'ouvrir soudainement, laissant place à l'air tout à fait surpris de James. La jeune femme l'observa quelques instants, avant de subitement fondre en larmes. Trop tard pour reculer désormais. Dépitée, Maddy se jeta dans les bras de son ami, s'y accrochant doucement alors qu'il l'entourait de ses bras. C'était vraiment la fin oui. Ils n'avaient plus aucune chance de gagner contre eux. Les Américains lui avaient pris son père et ils lui prendraient aussi sa ville, son pays.